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L'Hydraule

La bibliothèque de l'Hydraule s'inscrit parfaitement dans l'esprit de dynamiques comme le « projet Gutemberg » qui prévoient ne numériser l'ensemble des œuvres libres de droit du patrimoine de l'humanité. On se contentera ici d'accéder aux textes dont le sujet est plus ou moins directement relié à l'orgue... Je ne saurai pas mieux exprimer l'utilité de la numérisation de textes libres de droits que la démonstration qui en a été faite par Pierre Perroud dans un article intitulé « Voulez-vous abandonner vos enfants à Big Gate ? », et, plus spécialement, dans le chapitre nommé « À quoi servent les textes électroniques ? ». Il s'agit là pour moi d'un acte citoyen, s'inscrivant dans un cadre profondément démocratique où chacun apporte à autrui la possibilité d'accéder à l'information sans aucune restriction. Plus encore, le même article décrit, mieux que je ne pourrai le faire, la futilité de croire que les documents numériques puissent un jour remplacer leur équivalents papier. Pour étayer cette assertion, il me semble important de rappeler que jamais, malgré ce qu'à pu en écrire un aussi grand philosophe que Platon1, nous n'avons pu, malgré l'apport de l'écrit, nous séparer de la mémoire, seule capable de nous permettre d'intégrer réellement le savoir.

Il faut prendre conscience que scanner un ouvrage est un travail fastidieux qui prend beaucoup de temps. Ceci est particulièrement valable dans le cas des textes anciens dont la typographie n'est que très difficilement reconnaissable par les logiciels de reconnaissance de caractères ; aussi faut-il parfois saisir la totalité des pages manuellement, ce qui en rend la correction postérieure beaucoup plus laborieuse, car moins systématique.

Sur les dix-sept ouvrages ou textes dont la mise en ligne sur la toile est actuellement projetée, seul treize sont totalement achevés2. S'il est évident que des textes comme celui de JEAN DENIS ou de MARIN MERSENNE seront disponibles dans les prochains mois, il faudra, je pense, plusieurs années pour que le traité de Dom BEDOS soit achevé dans sa version numérique. Mais le temps a-t-il ici grande importance ? N'oublions pas que le moine bénédictin a mis douze années pour achever son ouvrage et qu'il s'agit, pour toutes ces publications numériques, d'un travail purement bénévole dont chacun peut ensuite - dans le plus pur esprit développé sur l'Internet - profiter du fruit sans bourse délier...

Comme pour le reste de ce site, il s'agit là d'une tentative expérimentale. La publication d'ouvrages anciens ou libres de copyright n'a de raison d'être que dans la mesure où elle inspire une réflexion commune, là aussi dans la tradition d'échanges désintéressés propre à l'Internet. Aussi, va-t-il sans dire que la liste d'ouvrages actuellement en projet n'est pas limitative et que chacun peut y apporter son grain de sel pour peu qu'il sache l'exprimer.

J'ai essayé de porter une attention particulière à la chasse aux fautes d'orthographe, mais je me dois de reconnaître que je suis plus à l'aise dans l'usage d'un style que dans l'application d'une norme... Là encore, si d'aucuns, plus enclin que moi à dénicher ce que j'ai fini par appeler des virus, me font la grâce de me faire part de leurs remarques sur telle ou telle partie de texte, je ne pourrai que leur en être infiniment reconnaissant...






Notes :

(1) « SOCRATE : J'ai [...] ouï dire qu'il y avait près de Naucratis en Égypte un des anciens dieux de ce pays à qui les Égyptiens ont dédié l'oiseau qu'ils appellent ibis ; ce démon porte le nom de Theuth ; c'est lui qui inventa la numération et le calcul, la géométrie et l'astronomie, le tric trac et les dés et enfin l'écriture. Thamous régnait alors sur toute la contrée, dans la grande ville de la haute Égypte que les grecs nomment Thèbes l'Égyptienne comme ils appellent Ammon le dieu-roi Thamous. Theut vint trouver le roi ; il lui montra les arts qu'il avait inventés et lui dit qu'il fallait les répandre parmi les Égyptiens. Le roi demanda à quel usage chacun pouvait servir ; le dieu le lui expliqua et, selon qu'il lui paraissait avoir tort ou raison, le roi le blâmait ou le louait. On dit que Tamous fit à Theut beaucoup d'observations pour ou contre chaque art. Il serait trop long de les relever. Mais quand on en vint à l'écriture : 'L'enseignement de l'écriture, ô roi, dit Theut, accroîtra la science et la mémoire des Égyptiens ; car j'ai trouvé le remède de l'oubli et de l'ignorance.' Le roi répondit : 'Ingénieux Theut, tel est capable de créer les arts, tel autre de juger dans quelle mesure ils porteront tort ou profit à ceux qui doivent les mettre en usage : c'est ainsi que toi, père de l'écriture, tu lui attribues bénévolement une efficacité contraire à celle dont elle est capable ; car elle produira l'oubli dans les âmes en leur faisant négliger la mémoire : confiants dans l'écriture, c'est du dehors, par des caractères étrangers, et non plus du dedans, du fond d'eux-même, qu'ils chercheront à susciter leurs souvenirs ; tu as trouvé le moyen, non pas de retenir, mais de renouveler le souvenir, et ce que tu vas procurer à tes disciples, c'est la présomption qu'ils ont la science, non la science elle-même ; car quand ils auront beaucoup lu sans apprendre, ils se croiront très savants, et ils ne seront le plus souvent que des ignorants de commerce incommode, parce qu'ils se croiront savants sans l'être.' »

Platon, in « Phèdre »,
Traduction, notices et notes par Émile CHAMBRY,
© Édition GF-Flammarion, n°4, Paris, 1992, page 191,
ISBN : 2-08-070004-9.


(2) Ou presque, car il faut encore enlever à cela les planches de l'ouvrage « De l'orgue et de son architecture » d'Aristide CAVAILLÉ COLL qui ne sont pas encore mises en place car de trop mauvaise qualité dans mon exemplaire. Ce dernier point sera résolu dès que possible.