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(αγορα ύδραυλις)


L'Hydraule

Mixité bois et métal
mercredi 26 mai 2010 14:39:40
La question est très simple, la réponse est peut-être plus complexe mais existe.

Lorsqu'un jeu possède des basses en bois, et un dessus en métal, comment détermine-t'on la transition entre les tailles pour ces différents matériaux ? Faut-il considérer la diagonale du tuyau en bois comme diamètre de celui de métal, ou plutôt l'un de ses côtés ? Comment faire également pour que la coupure soit la moins audible possible (nous admettrons qu'évidemment notre ouïe est très fine même dans les basses) ?

J'ai une très bonne excuse à fournir : je n'ai pas de jeu ainsi construit sous la main (un bourdon ferait bien l'affaire...) et les relevés de la bibliothèque de l'hydraule ne font pas état de cette mixité.
Re: Mixité bois et métal
mercredi 26 mai 2010 20:44:39
Bonjour orgadnosiste

C’est nettement plus une question de surface, donc de quadrature du cercle si ce n’est de cerclature du quarré (sic)... Et vous n’avez AUCUNE excuse de ne pas avoir scrupuleusement lu le moine disponible en ligne qui ne s’embête pas de π r2 (et son inverse) mais qui, en enlevant simplement le neuvième du diamètre cylindrique fait une approximation d’égalité de surface tout à fait exemplaire...

Soit un diamètre de 85 millimètres ; sa surface : 5674,5 millimètres.
√ 5674,5 = 75,33

Or,
85 - (85 / 9) = 75,56

Dans le genre approximation, il me semble qu’on peut faire pire.
grinning smiley
Re: Mixité bois et métal
mercredi 26 mai 2010 22:57:10
Merci de me renvoyer dans ma cellule, je vais m'infliger ce passage de la très sainte bible jusqu'à l'épuisement. C'est magnifique de clarté et de simplicité, à un point qui me fait considérer les sections triangulaires ou pentagonales ou polygonales complexes dans leur infinie beauté.

Merci infiniment !
Re: Mixité bois et métal
jeudi 27 mai 2010 14:23:22
À défaut de vous infliger d’autres passages de ce qui n’est pas la Sainte Bible mais un très beau traité de facture d’orgues, je vous suggère toutefois de faire quelques essais empiriques pour ce qui vous plaira de concevoir conique ou pyramidal...

Si d’aventure, il vous venait l’idée saugrenue de vouloir faire des tuyaux à section rectangulaire comme on peut en trouver dans les orgues dits de barbarie (serrez-vous donc que je m’y mette !), vous procèderez sans doute en établissant un rapport de la profondeur sur la largeur où :

S = surface du diamètre circulaire
Largeur = √ (S / Rapport)
Profondeur = (S / Largeur)

Étant encore entendu que ledit rapport se doit d’être établit avec mesure et délicatesse (disons, jamais trop au dessus de Ф) si vous ne voulez pas provoquer chez autrui un sourire qui serait déplacé.

Bien à vous,
cool smiley
Re: Mixité bois et métal
jeudi 27 mai 2010 22:36:41
C'est entendu, merci de ce complément mathématique. Votre dernière remarque sur ce rapport m'interpelle car l'expérience semble vécue. Cela revient à faire un tuyau "plat" que je veux bien croire mal sonner, mais mal comment ?
Re: Mixité bois et métal
vendredi 28 mai 2010 14:23:55
Citation
orgadnosiste
Cela revient à faire un tuyau "plat"

Non, cela revient à faire un tuyau profond, donc à réduire la largeur de la bouche pour pousser l’harmonie à s’approcher du son de la flûte. Même si on déplace le problème sur la profondeur, l’avantage qui peut aussi être mis à profit est un gain de place en largeur. J’ai très peu pratiqué la chose mais je conserve un tuyau de ce style (dont vous me permettrez de taire l’origine) en provenance d’un instrument liturgique du XIXe siècle.







L’excellent site archive.org a la gentillesse de publier le deuxième tome « The Art Of Organ-Building » et quelques autres textes de l’ineffable George Ashdown Audsley. Notez bien que pour avoir été numérisés par des personnes différentes, certaines publications sont des doublons. Mais vous trouverez dans le fichier PDF (88 méga octets) de celui-ci des choses qui ne devraient pas manquer de répondre à vos interrogations métaphysiques... Il vous faut évidemment avoir quelques vagues notions d’anglais.

Donc, pour commencer, rendez vous autour de la page 427 de l’ouvrage (493 du PDF) pour y lire : « For a true Clarabella the proportion of width of mouth depth of pipe may be as 3 to 4 [...] », soit, en bon français, un rapport de 1,33. Je vous laisse lire les pages qui précèdent comme celles qui suivent et vous délecter de ces choses très Lovely-toned...

Bien à vous,
tongue sticking out smiley



Modifié 1 fois. Dernière modification le 28/05/10 14:29 par smcj.
Re: Mixité bois et métal
samedi 29 mai 2010 12:01:44
Yes, j'ai quelques ouvrages en anglais sous format informatique, notamment tous ceux de archive.org traitant un tant soit peu de facture, ainsi que les versions papier de Audsley et Miller.

Mais entre lire, voire, et écouter...il y a un monde que je ne connais qu'à peine. Et surtout on y trouve un bon nombre de curiosités comme la flûte triangulaire, les doubles bouches (doppelflöte), les anches sans anches,...

Voici en tout cas un bel exemple... de quoi déjà, s'il fallait en rapprocher le son d'une référence connue ?
Re: Mixité bois et métal
dimanche 30 mai 2010 17:04:28
Ce qui prouve par la synthèse écrite que tout (ou presque, ce qui ne change rien) a été testé entre le milieu du XIXe et celui du XXe et que la nouveauté organologique ne se trouve pas, selon moi, dans la continuité de cette recherche effrénée du timbre (c’est même à mon sens, complètement has been), à fortiori parce que l’électronique fait beaucoup mieux pour beaucoup moins cher. Le débat est évidemment hors du sujet de ce fil, mais j’invite qui voudra le poursuivre à ouvrir un fil sur le présent forum pour le poursuivre ou le contredire.

Citation
orgadnosiste
de quoi déjà, s'il fallait en rapprocher le son d'une référence connue ?

Sans doute le plus possible de ces flûtes traversières au son très creux et à l’attaque langoureuse. Les tailles que j’ai pu consulter (non mises en ligne pour une question de confidentialité de leur origine) m’ont confirmées à penser dans ce sens, constatant des progressions très lentes à partir de graves très fins, donc d’aigus nettement plus grassouillets. C’est conforme à ce qui se passe dans l’instrument à trous soufflé par la bouche humaine.

Au passage, notez bien que je n’ai, en fait, rien contre l’usage de ce genre de jeux ; juste contre cette idée que nous puissions encore vraiment inventer du nouveau alors que nous n’avons fait qu’ébaucher les myriades d’essais de la fin du XIXe. C’est à tel point que je vais même tester prochainement tout un demi jeu à partir de copies de ce genre de tuyaux ; je vous tiendrai au courant si vous le souhaitez.
Re: Mixité bois et métal
mardi 1 juin 2010 10:48:54
Je suis assez d'accord avec votre réflexion. Concernant l'électro-électronique j'ai un grand respect pour le theremine et bien évidemment les ondes Martenot que j'aime à comparer avec une évolution parallèle de celle de l'orgue. La création de ces timbres est géniale.

Voilà pour le hors-sujet. Les graves fines sont économiques à tout point de vue, et surtout bien tolérées par notre oreille. Evidemment, toute expérience gagne à être connue !

smiling smiley



Modifié 1 fois. Dernière modification le 01/06/10 11:03 par orgadnosiste.
Re: Mixité bois et métal
mercredi 16 juin 2010 09:42:54
Ne trouve-t-on pas des basses en bois de section rectangulaire dans les orgues émanant des factures germaniques et helvétiques (Dalstein-Hærpfer, Haas, Rinckenbach, Walcker) ? en particulier pour les jeux flûtés?

Ensuite concernant les progressions des flûtes harmoniques et autres flûte traversières, elles s'inspirent de la flûte traversière qui a un diamètre égal sur toute sa progression. Cavaillé-Coll a tenté de réaliser une pareille flûte dont tous les tuyaux devaient avoir le même diamètre et la même longueur, la conception devant permettre de faire ressortir artificiellement assez fortement les harmoniques pour constituer l'ensemble des notes de la gamme... bon, Aristide avait plein d'idées, mais en bon tenancier de magasin n'avait pas les moyens d'appliquer à une machine toutes les subtilités de l'instrumentiste qui peut influer sur la pression, le débit, l'orientation du souffle... en temps réel pour chaque note... et n'a finalement gardé que l'harmonique d'octave propre à chaque tuyau.

Cependant, plus on monte dans l'aigu, plus les tailles sont importantes, contribuant à la rondeur "grassouillette" du son mais aussi à son renforcement.
J'aimerais bien entendre un jeu de flûte harmonique constitué de la sorte :

C-H : bourdon 8 en bois très doux à lèvre supérieure arquée, avec moult dents sur les biseaux
c-h : flûte de taille assez moyenne en bois, un peu plus forte que le bourdon 8
c'-h' : flûte de taille forte en métal, un peu plus forte que l'octave précédente
c''-c'''' (oui 5 octaves complètes!) : flûte octaviante de très forte taille en métal, plus forte que l'octave précédente

Ce type de jeu permettrait de faire un solo dans l'aigu, tout en s'accompagnant lui-même dans le grave. Je ne sais pas s'il en existe déjà des variantes ou comme tel. Mais c'est une vision de l'esprit, je laisse la parole aux hommes de l'Art.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 16/06/10 09:43 par Cavaillé-Cool.
Re: Mixité bois et métal
jeudi 21 mars 2013 17:50:43
Pour en revenir au passage des tuyaux ronds métal au tuyaux bois rectangulaires: dans le cas où les bouches des tuyaux métal font le quart de la circonférence, le tuyau de section rectangulaire équivalent aurait pour grand côté la même longueur que son diamètre s'il était rond et pour petit côté la dimension de la même bouche.
La surface d'un cercle est égale au diamètre multiplié par le quart de la circonférence (on y pense pas assez souvent quand on a déja dû calculer la circonférence et qu'on a ensuite besoin de la surface), donc dans une progression on prendra, au passage des tuyaux métal aux tuyaux bois, ce qui devait être diamètre pour grand coté du tuyau en bois (dimension intérieure bien sûr) et ce qui était largeur de bouche pour petit côté.
On se rendra compte par le calcul que les proportions du rectangle sont assez proches de sept huitièmes.

Vous allez trouver que j'utilise toujours beaucoup les mathématiques pour la facture d'orgues, mais c'est normal quand on s'appelle Gerbert (je ne suis cependant pas d'Aurillac)
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